Tabac et alcool sont encore les deux substances psychoactives les plus consommées en France en 20221. Quant au cannabis, son usage augmente dangereusement depuis les années 90. Très souvent ces addictions ont été corrélées à la précarité et/ou à l’absence de travail. Cependant l’étude ACCOLADE, publiée en aout 2024 par la Dares, vient ajouter sa pierre à l’édifice en rappelant que le travail aux horaires atypiques et la pénibilité physique professionnelle ont aussi un lien plus qu’évident avec la consommation de substances psychoactives.
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Conduites addictives et conditions de travail
Santé publique France déclarait, en novembre 2024, que les personnes aux plus bas revenus seraient 28,9 % à fumer quotidiennement alors que les personnes aux plus hauts revenus seraient 17,3 %, soit près de 12 % d’écart2. Des écarts sociaux face au tabagisme qui ne surprennent plus depuis quelques années.
Selon Fabienne El-Khoury chercheuse à l’Inserm : « Le tabac est globalement plus stigmatisé dans les milieux favorisés, où le niveau d’éducation et l’importance donnée à la prévention et la santé sont plus élevés » 3. La chercheuse évoque aussi l’anxiété qui, corrélée à une situation socioprofessionnelle fragile, conduirait les plus défavorisés à consommer du tabac « pour la soulager ». Il en va souvent de même pour les autres substances psychoactives, comme nous pouvons encore le constater en Pays de la Loire.
Pourtant, contre toute attente, la récente étude ACCOLADE a admis que « contrairement aux hypothèses de départ » la consommation de substances psychoactives liée à la pénibilité des conditions de travail n’est significativement pas différente entre les actifs précaires et les autres actifs, ce qui devrait inciter les campagnes de prévention à prendre en compte cette nouvelle donne.
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1 : Vie publique : « Addictions et drogues : les chiffres 2023 et les politiques publiques en matière de toxicomanie ».
2 : Santé publique France : « Prévalence du tabagisme en France hexagonale en 2023 parmi les 18-75 ans »
3 : Libération « Tabagisme chez les plus précaires : «La dépendance à la nicotine est plus importante dans les milieux défavorisés »