Pour la première fois, une estimation du nombre et de la proportion de travailleurs de nuit en France a été établie, selon la profession et le secteur d’activité. Ces données* analysent l’évolution sur une période de 34 ans de 1982 à 2015.
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Le travail de nuit se définit en plusieurs modalités, cela se traduit par des heures travaillées en dehors des heures normales, souvent avec une alternance de travail le jour et la nuit. Certains services ou secteurs comportent des missions devant être assurées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Il est constaté que les principaux secteurs concernés sont ceux de la santé et de la sécurité, ainsi que certaines activités industrielles avec une production en continue.
L’impact du travail de nuit peut affecter la santé et le bien-être des travailleurs. Cela est dû aux perturbations du rythme circadien (c’est-à-dire, l’horloge interne biologique du corps humain rythmant le cycle jour-nuit). De par son caractère particulier, ce rythme de travail peut notamment toucher l’alimentation, la consommation d’alcool, la santé mentale, certains cancers, etc. C’est pourquoi, le travail de nuit est encadré par une surveillance médicale individuelle renforcée.
Évolution du travail de nuit sur la période de 34 ans
Concernant l’évolution du travail de nuit (pris globalement en considérant le travail de nuit habituel et occasionnel), la proportion entre 1982 et 2015 a faiblement augmenté de 0,6 %, passant de 3 670 000 travailleurs de nuit en 1982 à 4 370 000 en 2015, en France. Cependant, le point à mettre en évidence porte sur la modification du rapport entre le travail de nuit occasionnel et habituel. En effet, en 1982 le travail de nuit habituel correspondait à 24 % du travail de nuit global, contre 42 % en 2015, soit presque le double.
Autre point essentiel sur les 34 ans étudiés, l’évolution du travail de nuit entre les hommes et les femmes. Pour les hommes, l’évolution est peu importante sur les 34 ans, ils sont 22 % à travailler la nuit, alors que pour les femmes, elles passent de 7 % à 10 % sur la même période, d’autant plus importante que le travail de nuit est habituel. De ce fait, le travail de nuit habituel représente une forte augmentation de 150 % entre 1982 et 2015.
De plus, une augmentation de 69 % est observée entre 1999 et 2007 du nombre de travailleuses de nuit habituelles, tandis que la proportion de femmes actives augmente seulement de 4,5 %. Chez les hommes, sur la même période, le nombre de travailleurs de nuit habituels a évolué de 74 %.
Les secteurs qui sont le plus touchés par une augmentation du travail de nuit sont liés aux activités de service, ainsi que les secteurs du transport et de la santé.
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* D’après les données du recensement et les matrices emplois-expositions, par le présent article paru dans la revue BMC – Public Health.