Risques cancérogènes dans le secteur sanitaire et social

Entre 2020 et 2023, l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) a conduit une enquête dans six pays* de l’Union européenne pour évaluer l’exposition des travailleurs aux risques de cancer professionnel. Plus de 24 000 entretiens ont permis de recueillir des données précieuses, dont un focus spécifique sur le secteur sanitaire et social.

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Exposition aux risques cancérogènes dans le secteur sanitaire et social en Europe

Le secteur sanitaire et social représente environ 11 % de l’emploi total au sein de l’Union européenne, ce qui en fait l’un des plus importants pourvoyeurs d’emplois (Eurostat, 2022). D’après un rapport de l’EU-OSHA, près de trois travailleurs sur dix dans ce domaine ont été confrontés à au moins un agent cancérogène au cours de leur semaine de travail précédente.

Parmi les professionnels les plus concernés figurent les médecins, les infirmiers, les aides-soignants ainsi que les techniciens de laboratoire. En outre, les données montrent que les hommes sont davantage exposés à ces risques que les femmes, avec des taux respectifs de 34,3 % contre 24,3 %.

Les facteurs de risques de cancer professionnel

D’après le rapport, les risques les plus couramment rencontrés dans le secteur de la santé et du social, tous niveaux d’exposition confondus, incluent :

  • les rayonnements ionisants (7,4 %),
  • les gaz d’échappement issus des moteurs diesel (6,2 %),
  • et l’exposition au rayonnement ultraviolet solaire (6,1 %).

Les conditions d’exposition aux agents cancérogènes : les risques et les mesures de protection

L’exposition à des agents cancérogènes ne dépend pas seulement de leur présence sur le lieu de travail, mais surtout des conditions concrètes d’exposition : nature des tâches, environnement, durée, fréquence, usage ou non de protections…

Rayonnements ionisants
Dans le secteur sanitaire et social, ces rayonnements proviennent principalement d’appareils de diagnostic ou de traitement (radiographies, radiologie, radiothérapie). Les professionnels utilisent fréquemment des protections telles que des écrans en plomb ou en plexiglas (85 %) et des équipements de protection individuelle (tabliers, gants, protège-thyroïde) dans 67 à 87 % des cas. En revanche, le respect des distances de sécurité reste peu fréquent (7,6 %).

Gaz d’échappement issus des moteurs diesel
Les gaz d’échappement des moteurs diesel concernent surtout les déplacements professionnels (visites à domicile, transport sanitaire…). Bien que l’exposition soit souvent faible, elle est fréquente. Les dispositifs de protection sont rares, avec peu de ventilation spécifique ou d’équipements adaptés.

Rayonnement UV solaire
Les professionnels intervenant à l’extérieur, notamment en milieu rural, sont exposés aux UV naturels. Le port de vêtements couvrants est répandu (93 à 99 %), de même que les lunettes de soleil (48,3 %) et les couvre-chefs (jusqu’à 32 %). Cependant, l’application de crème solaire demeure peu pratiquée (environ 10 %), probablement en raison d’une faible perception du risque.

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* Allemagne, Espagne, France, Finlande, Hongrie et Irlande.