Numérisation du travail : un risque sous-estimé pour les risques psychosociaux

L’essor des technologies numériques, qu’il s’agisse de la robotisation, de l’automatisation ou de l’intelligence artificielle, bouleverse le monde du travail et intensifie la charge mentale des salariés. Dans une note publiée ce jeudi 26 juin, l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN) alerte sur les conséquences préoccupantes de ces transformations : une augmentation des risques pour la santé mentale et physique des actifs, liée à la surcharge informationnelle et à la pression accrue qu’induisent ces nouveaux outils.

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L’étude, intitulée « Technologies numériques et risques professionnels », s’appuie sur plusieurs publications scientifiques ainsi que sur les données recueillies par Mailoop, un cabinet expert des usages numériques en entreprise. Le verdict est sans appel : la place grandissante du numérique dans la vie professionnelle a un impact négatif sur la santé physique et mentale des salariés.

Les impacts physiques de la digitalisation

La généralisation du travail sur écran a entraîné une multiplication des troubles physiques, à savoir la fatigue visuelle, les maux de tête, les douleurs cervicales et dorsales… D’après l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, le maintien prolongé de la position assise s’impose désormais comme le principal facteur de risque professionnel, dépassant même les troubles musculo-squelettiques (TMS) liés aux mouvements répétitifs.

Sédentarité et télétravail : un nouveau risque professionnel émergent

La sédentarité, longtemps perçue comme un problème relevant de la sphère privée, pourrait-elle devenir un véritable risque professionnel ? L’essor du télétravail et la dépendance aux outils numériques contraignent en effet les salariés à rester assis de longues heures, les exposant à des pathologies graves telles que le diabète, l’obésité ou les maladies cardiovasculaires, alerte Suzy Canivenc, docteure en sciences de l’information et de la communication et coordinatrice du rapport.

Des conséquences alarmantes sur la santé mentale des salariés

La numérisation croissante du travail a aussi un impact alarmant sur la santé mentale. La digitalisation complexifie les tâches au point que trois salariés sur quatre jugent leur travail plus difficile et 42 % attribuent cette difficulté à l’usage massif des technologies. Chez les cadres dirigeants, le temps quotidien passé sur des outils numériques atteint en moyenne 10h39, un niveau de connexion qui brouille les limites entre vie professionnelle et vie privée et alimente une forme d’aliénation insidieuse.

La sollicitation constante, la multiplication des canaux de communication et la surcharge informationnelle génèrent une charge mentale diffuse, mais continue. De nombreuses micro-tâches comme la gestion des emails ou la coordination en ligne, pourtant chronophages, échappent souvent à toute reconnaissance officielle dans les fiches de poste ou les entretiens médicaux. L’étude appelle donc les entreprises à repenser en profondeur l’usage des technologies numériques, notamment avec l’avancée de l’intelligence artificielle, afin d’éviter que ces outils, censés simplifier le travail, ne deviennent des sources de stress et de souffrance.

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