Quand un homme souffre, il ne le dit pas, ou pas assez. Chaque année, le mouvement Movember s’attaque aux non-dits de la santé masculine. Cancer de la prostate, des testicules ou santé mentale, faire pousser sa moustache n’est plus un simple jeu mais un engagement qui dure tout au long du mois de novembre et bien après. Faisons le point.
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De la dépression au suicide, un tabou masculin qui tue encore trop souvent
Chaque année le constat est le même : le taux de suicide en France baisse, sauf pour les hommes. En 2022, la mortalité liée au suicide en France est de 14,2 pour 100 000 habitants ; les trois quarts des suicides concernent des hommes.1 Un phénomène dramatique qui ne touche pas uniquement l’hexagone, l’OMS2 estime qu’en 2021 (au niveau mondial) les hommes sont deux fois plus nombreux à mettre fin à leurs jours que les femmes.
D’après une étude de la Drees datée de 2002, l’ampleur de la surmortalité masculine liée au suicide n’a rien de nouveau, bien au contraire. De 1968 à 1998, le nombre de décès par suicide chez les hommes n’est jamais descendu en dessous de la barre des 2,5 pour 10 000, jusqu’à atteindre dans les années 80 un pic de 4 décès pour 10 000 ; soit 40 décès pour 100 000 habitants. Un taux alarmant presque 4 fois supérieur aux femmes à cette même époque, qui demeure, malgré sa baisse sensible, encore très élevé à ce jour.
Pourquoi ?
« En règle générale, les hommes se soignent moins bien que les femmes, en particulier quand il s’agit de santé mentale. C’est d’ailleurs le seul sujet sur lequel les stéréotypes de genre jouent en défaveur des hommes. »3
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¹ Suicide : mesurer l’impact de la crise sanitaire liée au Covid-19 – Effets contrastés au sein de la population et mal-être chez les jeunes – 5e rapport / Septembre 2022.
² Un décès sur 100 est un décès par suicide – Organisation mondiale de la santé.
³ Movember : il faut encourager les hommes, plus touchés par le suicide, à « demander de l’aide », plaide un psychologue – France Info.