Changement d’entreprise : quelles sont les motivations des salariés ?

La Dares et l’Insee ont publié une étude* traitant des motivations des changements d’employeur, un phénomène devenu de plus en plus fréquent depuis la crise sanitaire.

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De plus en plus de salariés désirent quitter leur entreprise pour augmenter leur salaire

En 2023, 18,3 % des salariés issus du secteur privé ont quitté l’entreprise dans laquelle ils travaillaient un an plus tôt. Selon le rapport de l’Insee et la Dares, la crise du Covid-19 semble avoir accentué la mobilité des salariés, qui quittent plus fréquemment leur entreprise. En comparaison, en 2019, avant la crise sanitaire, cette proportion était de 16,7 %.

Parmi les principales motivations des salariés cherchant un nouvel emploi, on retrouve l’augmentation des revenus, à égalité avec le souhait d’améliorer leurs conditions de travail. En 2023, 26,3 % des salariés du secteur privé espèrent obtenir une meilleure rémunération. Cette raison prend de plus en plus d’importance, car en 2021, seuls 22,1 % des salariés quittaient leur entreprise pour cette raison.

Les autres motivations sont moins mentionnées et ont peu évolué en 2023. Le désir de changer de métier, de secteur ou d’employeur concerne 13,9 % des salariés envisageant un changement d’emploi. L’intérêt pour un emploi plus stimulant est resté stable à 13,2 % en 2023, après une baisse entre 2021 et 2022.

Changement d’entreprise : quel impact sur l’évolution salariale ?

Changer d’entreprise n’est pas toujours avantageux pour obtenir un meilleur salaire à court terme, selon l’Insee. En 2022, les salariés qui restaient dans leur entreprise ont vu leur salaire augmenter de 5,7 % en un an, contre seulement 2,9 % pour ceux qui ont changé d’emploi. Cette tendance n’est pas nouvelle puisqu’en 2019, les salaires des employés stables avaient augmenté de 3,6 % contre 0,8 % pour les salaires mobiles. Ce décalage de 2,8 points s’explique par divers facteurs, comme le fait que certains changements d’emploi sont contraints (licenciement, fin de CDD, harcèlement…) et la perte de primes et avantages qui ne sont pas immédiatement remplacés dans la nouvelle entreprise.

Cependant, il existe des exceptions, notamment chez les cadres. En 2022, les cadres qui restaient dans leur entreprise ont vu leur salaire augmenter de 6,7 % contre 4,8 % pour ceux ayant changé d’entreprise, réduisant l’écart à 1,9 point contre 2,7 points en 2019. L’Insee suggère que cela pourrait refléter un meilleur pouvoir de négociation sur un marché de travail tendu. Chez les ouvriers, l’écart reste stable.

Pour les salariés en CDD, changer d’entreprise est plus avantageux. En 2022, leur salaire a progressé de 13,2 % contre 7,8 % pour ceux qui sont restés en place. Cela s’explique par une plus grande marge de progression et la possibilité d’accéder à un CDI. Toutefois, cette prime à la mobilité a diminué par rapport à 2019, où l’écart était de 6,8 points.

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