Travail de nuit : réglementation, pratiques et santé au travail

Travailler de nuit peut offrir certains avantages, comme une rémunération majorée ou plus de temps libre en journée. Toutefois, cette organisation du travail est soumise à des règles strictes et n’est pas sans conséquences sur la santé des salariés. Entre exigences légales, témoignages et risques sanitaires, le travail de nuit soulève de nombreux enjeux.

———

Un recours encore exceptionnel, mais très répandu

Le travail de nuit reste strictement encadré par le Code du travail et ne peut être mis en place que lorsqu’il est indispensable à la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. Pourtant, il concerne aujourd’hui environ 4,3 millions de personnes en France, selon Santé publique France. Les secteurs de la santé, de la sécurité, des transports, de la logistique, de l’hôtellerie ou encore des travaux publics y ont fréquemment recours. L’industrie est également de plus en plus concernée, notamment avec l’organisation du travail en horaires 3×8.

Que dit la loi sur le travail de nuit ?

Selon le Code du travail (articleL. 3122-20), le travail de nuit correspond à une activité exercée sur une période d’au moins sept heures consécutives comprenant l’intervalle entre minuit et 5 heures du matin. Cette période s’étend au plus tôt de 21 heures à 7 heures au plus tard, avec des exceptions possibles après accord de l’inspection du travail. Un salarié est considéré comme travailleur de nuit s’il effectue au moins trois heures de travail nocturne à deux reprises par semaine, ou s’il totalise 270 heures de nuit sur une année.

Une évolution des règles au fil du temps

Si le travail de nuit est désormais accessible à l’ensemble des salariés majeurs, cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’en 2001, les femmes y étaient limitées dans de nombreux secteurs. Cette restriction a été levée afin de respecter le principe d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. En revanche, les mineurs de moins de 18 ans ne sont toujours pas autorisés à travailler de nuit.

Un cadre strict pour protéger les salariés

Le travail de nuit est généralement instauré par un accord collectif d’entreprise ou de branche. La loi prévoit des limites précises afin de préserver la santé des travailleurs. Ainsi, un salarié de nuit ne peut dépasser une moyenne de quarante heures de travail par semaine sur une période de douze semaines consécutives, sauf dérogation pouvant aller jusqu’à quarante-quatre heures. Un repos minimum de onze heures consécutives entre deux postes est également obligatoire. Certaines conventions collectives imposent par ailleurs la mise à disposition d’un moyen de transport adapté aux horaires nocturnes.

Une rémunération plus attractive

Les heures de nuit donnent lieu à une compensation financière, dont le montant dépend des accords en vigueur. En l’absence d’accord collectif, la majoration peut être fixée par usage ou par décision de l’inspection du travail. En pratique, les heures effectuées entre 21 h et 22 h ainsi qu’entre 5 h et 6 h sont souvent majorées d’environ 10 %, tandis que celles réalisées entre 22 h et 5 h peuvent bénéficier d’une majoration allant jusqu’à 30 %.

Des conséquences réelles sur la santé

Malgré ses avantages financiers, le travail de nuit comporte des risques pour la santé. Les études menées par l’INRS montrent qu’il perturbe le rythme biologique et augmente les risques de troubles du sommeil, de fatigue chronique, de troubles psychiques, de maladies métaboliques et cardiovasculaires. Certaines recherches établissent également un lien avec l’apparition de certains cancers, rappelant que le travail de nuit n’est pas sans danger.

———